L’interpellation de 3 ressortissants malagasy avec 73,5 kilos d’or, le 31 décembre, en Afrique du Sud continue de faire couler beaucoup d’encre, y compris dans la presse internationale. Un article paru dans un média en ligne étranger revient sur le sujet et met en avant des détails intrigants sur l’affaire qui, selon l’auteur « a connu plusieurs rebondissements, avec pour seul angle d’attaque la mise en accusation du Gouvernement et des douanes, au risque de passer à côté des véritables enjeux de l’affaire ». D’emblée, la publication crève l’abcès sur la corruption persistante au sein de l’administration malagasy malgré les efforts du Gouvernement. Ainsi, l’auteur de l’article révèle que près de 5 tonnes d’or sortent illégalement du territoire national chaque année. Il écrit plus loin que « l’affaire du démantèlement de ce réseau de contrebande frappe notamment par l’ampleur de l’opération de falsification de documents légaux, alors même que les interceptions de grandes quantités d’or sortant du pays sont courantes. Il s’agit manifestement ici d’un réseau de contrebande déjà bien installé et ayant prospéré sur la faiblesse administrative nationale. »
Le même article parle de « procès médiatique fait aux services des douanes ou à la gendarmerie apparaît décalé par rapport aux enjeux réels de cette affaire, en plus d’être partiellement faux. De fait, l’attaque s’apparente davantage à une grossière opération de communication anti-gouvernementale que d’investigation réelle. »
Un reportage subjectif
Le même article ne manque pas d’évoquer le reportage diffusé sur la chaîne France 24, le 3 février dernier, et qui « s’attache à contredire la version officielle et à s’attaquer aux services de douane et de gendarmerie, documents à l’appui (et à l’écran) ». Dans son analyse, l’auteur de la publication estime que « la chaîne met en lumière un non-sujet, car un examen plus approfondi desdits documents fait apparaître d’autres éléments. L’avion, un jet privé immatriculé 5R-ASB, est parti de l’aéroport d’Ivato (Antananarivo) et disposait effectivement de documents d’autorisation de vol international. Toutefois, les documents mis en avant par France 24 ont pour la plupart été produits par l’aéroport de Tuléar (Toliara). »
Toujours dans la même logique de réflexion, la publication rappelle que dans le contexte de crise sanitaire actuel, seuls les aéroports d’Ivato et Nosy Be sont autorisés à opérer des vols internationaux. « Aucune formalité de vol international n’a donc pu être entreprise en toute régularité à Tuléar. Il s’agissait bien, selon l’Aviation civile de Madagascar (ACM) d’Antananarivo, d’un vol national Ivato-Tuléar. Il est donc logique que la douane n’a pas pris en charge le contrôle d’un avion privé en partance pour un vol national, tout comme la police de l’air, les personnels de santé, etc. Il est toutefois clair que les procédures de vérification des marchandises et d’autorisation de sortie du territoire, des douanes comme d’autres services de l’Etat, mériteraient d’être renforcées. Cependant, la société Amarante, opérateur de sécurité européen reconnu, a elle aussi été victime de l’ampleur de cette opération de falsification », peut – on lire.
Doute
L’article émet un doute sur le rôle de l’ACM dans cette histoire, qui semble « plus trouble », selon l’auteur car « l’autorité a produit deux autorisations contradictoires pour le même avion ». Et de poursuivre que « selon les douanes en poste à Tuléar, ce n’est qu’une fois le jet privé 5R-ASB, arrivé depuis Ivato, que l’ACM locale, via les instructions de l’antenne d’Antananarivo, aurait informé les autorités portuaires que le vol en question n’était plus un courrier local mais une escale technique avant un décollage pour Johannesburg. La falsification du plan de vol et l’illégalité d’un long courrier au départ de Tuléar sont d’ailleurs les raisons pour lesquelles le secrétaire général de l’ACM et certains agents ont été placés sous mandat de dépôt. Un fait peu relayé par la presse internationale. On pourra rétorquer que les douanes ont laissé le vol s’effectuer contre les dispositions en vigueur. Ce à quoi les autorités de l’institution, dans leur communiqué daté du 4 février 2021, ont bien rappelé que leurs prérogatives ne concernaient pas les plans de vol des aéronefs, mais uniquement leur contrôle économique. »
Attente de conclusion des enquêtes officielles
L’article rappelle également le dernier rebondissement dans cette affaire au début du mois de février, où « les organes de presse malgaches et internationaux ont relayé l’information selon laquelle une société dubaïote avait revendiqué l’or et porté plainte contre les douanes sud-africaines. Selon des sources au sein de la douane malagasy, c’est peu de temps après l’arrestation des trois trafiquants que la société dubaïote aurait fait part de sa revendication. Or, la douane de la Grande île a apporté la preuve qu’un document douanier malien avait été falsifié par l’entreprise Skygold Mali afin de faire croire à une cargaison d’origine malienne auprès des douanes sud-africaines. Une falsification confirmée par la douane malienne ». Il s’interroge alors si la société dubaïote, dont le nom n’a pas encore été communiqué, serait une société-écran de Skygold Mali. Une question qui demeure sans réponse pour l’instant : « selon les autorités malgaches, il est encore trop tôt pour le dire. Mais cela accrédite la thèse officielle d’une opération de falsification massive et du démantèlement d’un réseau de contrebande disposant de relais influents ».
Au final, le journaliste auteur de l’article affirme qu’ « il importe d’attendre les conclusions des enquêtes du Pôle anti-corruption (PAC) malagasy, mais aussi celles des justices sud-africaines et françaises ».
La Rédaction